© Justin Novak |
Il y a quelque temps, j’ai
assisté à un de ces grands barouds dont les collectivités territoriales et
autres structures chargées du livre ont le secret : je me suis retrouvée invitée
à des conférences, des tables rondes, mais surtout j’ai vu signer, publiquement
et en grande pompe, une charte des manifestations littéraires.
Était-ce le simulacre à renfort
de photos et presse ou la faim qui m’a brusquement soulevé le cœur ?
Qui, parmi les
organisateurs de ces grandes messes, se soucie réellement de savoir si les signataires tiennent leurs
engagements ?
Qui, parmi les
structures qui incitent à la mise en place et à la généralisation de ces
déclarations d’intention, veille à donner aux signataires les moyens de leur
bonne volonté?
Qu’on ne se
méprenne pas : j’ai signé ladite charte bien avant la fameuse réception
et, pour tout dire, je l’appliquais bien avant qu’elle ait vu le jour. Ce qui me gêne n’a rien à voir avec le
contenu, qui relève du bon sens, mais avec la déclaration d’intention sans
intention : imaginez un peu un système qui promulguerait des lois sans
vraiment veiller à ce qu’elles soient appliquées ! … Euh… Mauvais exemple.
Là où je vis,
toute invitation implique une dépense minimale par personne de six cents à
neufs cents euros. Cette somme couvre le transport en train, une nuit d’hôtel
deux étoiles, deux repas « ordinaires », et une rémunération au tarif
minimal de l’invité et, le cas échéant, du modérateur.
Les mêmes qui
engagent à signer la charte refusent aujourd’hui les moyens de l’organisation
de manifestations littéraires au motif qu’il leur faut soutenir l’économie du
livre, s’entend les librairies - comme si les manifestations littéraires se
déroulaient sans libraires. Ils sont devenus les rois du graissage d’un unique
maillon alors qu’il leur faudrait veiller au bon fonctionnement d’une chaîne.
Quand on n’a plus
les moyens d’organiser des rencontres, on se passe de restaurant, on se colle
aux fourneaux ou on se lance dans l’auberge espagnole. Mais surtout, et c’est
là que le bât blesse : on ne rémunère pas l’intervenant. On ne peut pas
lui demander de payer son train et ses frais de séjour, alors que solliciter un
geste en raison de petit budget, ça peut passer...Que vaudrait un
système où l’on demanderait officiellement aux gens de ne travailler que
gratuitement, genre uniquement en stage, en affirmant combattre la
précarité ?... Mouais… mauvais exemple une fois de plus.
Par chance, pour lutter contre
les haut-le-cœur provoqués par la faim, les organisateurs avaient prévu des tas
de petits fours !
Continue ! :-)
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