lundi 4 août 2014

Humeur - Show effroi

© Justin Novak

Il y a quelque temps, j’ai assisté à un de ces grands barouds dont les collectivités territoriales et autres structures chargées du livre ont le secret : je me suis retrouvée invitée à des conférences, des tables rondes, mais surtout j’ai vu signer, publiquement et en grande pompe, une charte des manifestations littéraires.
 
Était-ce le simulacre à renfort de photos et presse ou la faim qui m’a brusquement soulevé le cœur ?
 
 
 
Qui, parmi les organisateurs de ces grandes messes, se soucie réellement  de savoir si les signataires tiennent leurs engagements ?
Qui, parmi les structures qui incitent à la mise en place et à la généralisation de ces déclarations d’intention, veille à donner aux signataires les moyens de leur bonne volonté?
Qu’on ne se méprenne pas : j’ai signé ladite charte bien avant la fameuse réception et, pour tout dire, je l’appliquais bien avant qu’elle ait vu le jour.  Ce qui me gêne n’a rien à voir avec le contenu, qui relève du bon sens, mais avec la déclaration d’intention sans intention : imaginez un peu un système qui promulguerait des lois sans vraiment veiller à ce qu’elles soient appliquées ! … Euh… Mauvais exemple.
Là où je vis, toute invitation implique une dépense minimale par personne de six cents à neufs cents euros. Cette somme couvre le transport en train, une nuit d’hôtel deux étoiles, deux repas « ordinaires », et une rémunération au tarif minimal de l’invité et, le cas échéant, du modérateur.
Les mêmes qui engagent à signer la charte refusent aujourd’hui les moyens de l’organisation de manifestations littéraires au motif qu’il leur faut soutenir l’économie du livre, s’entend les librairies - comme si les manifestations littéraires se déroulaient sans libraires. Ils sont devenus les rois du graissage d’un unique maillon alors qu’il leur faudrait veiller au bon fonctionnement d’une chaîne.
Quand on n’a plus les moyens d’organiser des rencontres, on se passe de restaurant, on se colle aux fourneaux ou on se lance dans l’auberge espagnole. Mais surtout, et c’est là que le bât blesse : on ne rémunère pas l’intervenant. On ne peut pas lui demander de payer son train et ses frais de séjour, alors que solliciter un geste en raison de petit budget, ça peut passer...Que vaudrait un système où l’on demanderait officiellement aux gens de ne travailler que gratuitement, genre uniquement en stage, en affirmant combattre la précarité ?... Mouais… mauvais exemple une fois de plus.
 
Par chance, pour lutter contre les haut-le-cœur provoqués par la faim, les organisateurs avaient prévu des tas de petits fours !
 

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