jeudi 7 août 2014

Michaël Uras



 

-          EN : Fin mai, vous avez publié Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse chez Christophe Lucquin Éditeur. Quels retours avez-vous sur ce deuxième texte et qu’avez-vous noté comme différences avec ce qui s’était passé à la sortie du tout premier roman, Chercher Proust ?


-          MU : Pour l'instant, les retours concernant Nos souvenirs sont assez positifs, mais peu nombreux. En effet, nous avons encore du mal à faire lire le texte aux critiques et journalistes qui s'intéressent majoritairement aux textes des maisons renommées. Lit-on plus naturellement ce deuxième texte ? Non ! Nous devons encore parcourir un long chemin.
Pour illustrer les choses, disons que nous étions au sous-sol en 2012 et qu'aujourd'hui nous atteignons le rez-de-chaussée. À la sortie de Chercher Proust, Christophe démarrait dans l'édition, moi dans l'écriture. Deux parfaits inconnus. Et un roman sur Proust : Il a fallu se battre.


-          En même temps que cette seconde publication chez votre éditeur, votre premier texte a été réédité au Livre de poche. En quoi l’expérience du format poche diffère-t-elle de ce que vous aviez connu avec l’éditeur qui vous a donné votre première chance ?


-          Le Livre de Poche est une maison connue de tous, historique. Un milliard de livres vendus en soixante ans. Qui n'a pas un Livre de poche dans sa bibliothèque ? Cécile Boyer-Runge (l'ancienne directrice) et Audrey Petit (l'éditrice) ont fait preuve d'une grande curiosité, d'une ouverture d'esprit incroyable en nous écoutant, en nous lisant et en nous éditant. Être repris en poche est forcément une fierté. C'est aussi, bien sûr, une force. Chercher Proust connait une deuxième vie. Les lecteurs vont plus facilement vers un Livre de poche que vers un titre d'un éditeur débutant. C'est une sécurité pour eux. Et pas seulement pour eux d'ailleurs, les journalistes acceptent de lire Chercher Proust à présent. Certains ont peut-être au fond d'un tiroir l'édition grand format. Jamais feuilletée. Abandonnée. C'est frustrant car le texte est le même, avec ses qualités et ses défauts.


-           Vous avez également publié en Italie. Pouvez-vous nous en dire plus ? (Comment cela s’est-il fait ? Avez-vous eu des contacts avec le traducteur ? Avez-vous pu lire le texte italien ?)
 

-           La traduction en Italie s'est faite grâce à deux intermédiaires : Giuseppe Girimonti Greco et Giacomo Melloni. Ils ont démarché plusieurs éditeurs et en particulier Voland. Sans eux, tout aurait été plus compliqué. Ils ont ensuite traduit le texte (car ils sont avant tout traducteurs). Et j'ai pu participer à cette traduction, choisir le titre italien par exemple (Io e Proust). Ils sont devenus des amis.  Le livre a été bien accueilli en Italie. Les médias en ont parlé. Ce qui n'avait pas été le cas en France. Ce passage à l'italien est une aventure extraordinaire. Un retour aux sources pour moi car je suis d'origine sarde.



-           L’expérience éditoriale (entre France et étranger, grand format et poche) que vous avez connue jusqu’ici correspond-elle à l’image que vous vous en faisiez ?

 
-           Étrangement, je ne me faisais aucune image de l'édition. Pour être franc, je ne pensais pas être édité un jour. Je vis en province. Je viens rarement à Paris. Je ne connaissais personne dans ce milieu. Je pensais simplement accumuler un grand nombre de lettres de refus. Établir un record dans ce domaine. Après trois années dans cet univers, je me rends compte que l'audace et la curiosité sont des vertus rares. Heureusement, quelques éditeurs les possèdent encore ! 
 
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire