mercredi 4 juillet 2018

Il suffirait de presque rien... et ce serait un bon début.

Quand on regarde de près les petites annonces, on constate vite que beaucoup de recherches de correcteur concernent en fait des stages.
Ces stages ne sont en rien l’occasion de former un débutant grâce à l’excellence d’un ancien déjà en place, ils sont l’opportunité d’avoir sous la main quelqu’un qui effectuera dans le cadre professionnel une mission de correction qui autrement serait passée à la trappe ou aurait été faite par le copain ou la belle-mère, au motif qu’ils ont toujours été bons en orthographe.
Appelons un chat un chat, cette méthode de « stages » permet avant tout de voir le travail réalisé sans le moindre paiement. Un stagiaire chasse ensuite l’autre, et tout va bien – ou presque.
Le compte rendu de la 1re table ronde le signalait, les éditeurs qui rémunèrent proposent des statuts précaires sans jamais renoncer à leurs prérogatives.
"Car, de fait, les éditeurs ne se privent pas de recourir à ce statut, tout en conservant leurs prérogatives : demande de C.V. et de lettre de motivation aux micro-entrepreneurs, lien de subordination conservé, fixation des tarifs et des délais des travaux, tout cela sans versement de cotisations sociales, en mettant en concurrence les correcteurs et en abaissant la qualité du travail fourni. De fait, des personnes peu scrupuleuses s’improvisent correctrices parce qu’elles étaient douées en dictée en CE2, mais la loi du marché prime !" 
Ne nous méprenons pas, c’est le cas des meilleurs. Les pires, nous venons d’en parler. Pour eux, ce ne sont ni le résultat ni la qualité du travail qui priment, mais l’absence de paiement. Qu’importe tant que c’est gratuit !
Les autres, meilleurs éditeurs donc, rémunèrent un professionnel.
Voyons un peu comment cela se passe :
À la tête d’une grosse structure, généralement parisienne, ils embauchent. Sélectionnés sur C.V. et test, leurs correcteurs (plusieurs, bien sûr) travaillent sur site. Les places sont très rares. Les correcteurs de maisons importantes peuvent aussi être employés à domicile. En tant que TAD, travailleur à domicile, le correcteur reçoit un volume à corriger et un calendrier, en fonction du temps de travail contractuellement imparti. Il est dégagé du paiement de ses charges dont s’acquitte l’éditeur. Il sera couvert en cas de maladie et pourra faire valoir des droits à la retraite.
Mais de plus en plus souvent, les éditeurs cherchent des correcteurs capables de facturer.  Ceux-ci doivent donc être entrepreneurs. C’est quasiment le seul préalable, l’unique critère incontournable vis-à-vis d’entreprises de taille moyenne à petite, voire très petite.
L’éditeur confie une mission de correction, un texte plus ou moins long, en fixant le délai de restitution et le tarif. Ces deux points, bien sûr, sont a priori négociables, sauf que, si un correcteur chipote, d’autres feront moins les difficiles.
En acceptant de facturer, le correcteur dispense l’éditeur de charges patronales et s’engage à payer ses propres cotisations : santé, retraite.
Pas de congés payés pour le travailleur qui a de fait le loisir de bosser… tout le temps, et qui ne percevra pas un euro s’il prend des vacances – ce qu’il hésitera à faire puisqu’il risquerait d’être remplacé pendant son absence… Pas de congés maladie et pas davantage de retraite garantis par l’emploi puisqu’on n’existe pas dans l’entreprise partenaire.
Le correcteur est donc dans un cercle vicieux qui consiste à ne jamais refuser de boulot et à se voir de préférence confier les missions en temps réduit ou serré.
L’éditeur, qui n’est pas engagé avec le prestataire, peut donner du travail à sa guise, voire ne plus en donner du tout, sans la moindre information. Après un silence radio de plusieurs mois, sans explications, on peut solliciter le correcteur là-maintenant-tout de suite, comme s’il était à disposition, sans aucune autre activité, vivant de l’air du temps entre deux missions.
À noter aussi que la facturation permet des délais très aléatoires de paiement. Le règlement pourra être immédiat, fin de mois, mois suivant, ou… quand ça arrange l’éditeur. Pas simple dans ces conditions de gérer un budget. Pourtant, une fois encore, le correcteur fera avec, par crainte de ne plus se voir confier les quelques travaux qui lui reviennent s’il a tendance à grincer des dents.
 
Avant même une reconsidération du statut, il suffirait de pas grand-chose pour passer de l’intenable à quelque chose de plus supportable : factures honorées dans des délais réguliers, information sur les projections de travail afin que le prestataire anticipe l’éventuelle surcharge ou l’absence d’activité, délais suffisants pour ne pas devoir travailler un nombre d’heures important chaque jour sans la moindre récupération physique, etc. — autant de mesures qui, sans la moindre volonté politique nationale, seraient déjà une vraie bouffée d’air frais.

 

lundi 2 juillet 2018

Imparfait du subjonctif

Le subjonctif est un temps beaucoup plus utilisé qu’on ne le croit. Certains verbes l’exigent à la suite, ce qui contribue effectivement à la fréquence de son utilisation.
-          Je crains qu’il pleuve ou Je crains qu’il ne pleuve.
-          Il faut que tu saches cette leçon par cœur.

Si le présent du subjonctif est familier, l’imparfait se fait rare en revanche. Il est quasiment banni des conversations, dans lesquelles on lui substitue le présent.

À l’écrit, dans la langue soutenue, on utilisera  l’imparfait du subjonctif quand les principales sont au passé.
-          Je craignais qu’il (ne) plût, ou Je craignais qu’il (ne) pleuve.
Mais aujourd’hui, pas question d’en abuser et de l’employer dans des textes non littéraires ou de facture simple. Un imparfait du subjonctif mal venu, et l’effet sera immanquablement raté : on sourira, l’expression semblera archaïque plutôt que de susciter l’admiration.
Pour chasser l’impression d’archaïsme, on n’utilise plus aujourd’hui l’imparfait du subjonctif qu’à la troisième personne du singulier et à la troisième personne du pluriel.
On écrira donc :
-          Cette leçon, il fallait que tu la saches (et non pas que tu la susses).
Alors qu’on utilisera l’imparfait pour la 3e personne :
-          Cette leçon, il fallait qu’il la sût.