lundi 28 mai 2018

Confiance, quand tu nous tiens.

Intervenir sur un texte pour le corriger revient d’entrée à marcher sur des œufs.
 
L’auteur sera toujours enclin à accepter une correction orthographique, pour peu qu’elle soit une évidence. En revanche, dès que l’on touche à des choses moins évidentes, il faut parfois batailler, s’expliquer, se justifier. Je me rappelle fort bien une anecdote qui aujourd’hui me fait sourire, même si sur l’instant j’ai plutôt ri jaune. Conformément à la règle qui veut que l’on mette un trait d’union entre le prénom et le nom (pour un édifice ou une institution), j’avais ajouté çà et là, quand il le fallait, des traits d’union. J’ai reçu en retour un message bien sec de l’auteur, me remerciant pour mon travail, mais me demandant d’éviter à l’avenir d’ajouter des fautes…
Dans ces cas-là, on s’explique — bien sûr. Avec le temps, j’ai fini par anticiper. Il m’arrive d’expliquer parfois longuement pourquoi j’interviens. Je ne le fais cependant pas systématiquement, car c’est terriblement chronophage, or le temps nous est compté.

Ce qui prime, finalement, c’est la confiance entre l’auteur et le correcteur.

Pour qu’elle s’installe, je garde à l’esprit et fais bien sentir que je ne suis pas l’auteur. Certes, j’interviens dans ce que celui-ci a fait, mais je ne veux en aucun cas prendre sa place. Je propose, il dispose.

Même si j’interviens beaucoup, je n’attaque jamais un texte à la serpe. Quand deux acceptions sont valables pour un mot – et parfaitement équivalentes —, je ne m’amuse par exemple jamais à proposer celle que l’auteur n’aura pas proposée. Je ne me manifeste que, le cas échéant, pour harmoniser les choix.

A priori l’auteur a soigné son texte. Il l’a lu et relu. Il l’a déjà corrigé. Les mots qui sont là résultent de choix ; la syntaxe, le  rythme, les sonorités aussi. À moi de le persuader qu’aller dans le sens que j’indique est une plus-value. Car c’est avant tout de cela qu’il s’agit, donner une plus-value.

J’ai besoin que deux personnes en soient intimement convaincues : l’auteur et l’éditeur qui au final sont les seuls à connaître l’avant/après et à avoir le nombre de nos interventions sous les yeux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire