EN : Pourquoi avoir choisi d’adresser ce manuscrit à Christophe Lucquin ?
ALG : J’ai lu Hitler
In Love de Florencia Edwards, un recueil de nouvelles publié par Christophe
Lucquin en 2012 : j’ai trouvé le texte occulte, précieux et la maison qui
l’éditait plutôt hardie. Le moment venu, j’ai donc adressé le manuscrit de Grotte à Christophe, qui m’a envoyé un
message deux jours après, en pleine nuit.
Cet engagement a pris encore davantage de sens
pour moi avec les dernières parutions : Des Enfants, Baudelaire, Salon de Beauté… des livres qui
partagent avec celui de Florencia Edwards une voix, dont il est impossible
de savoir ni à qui elle appartient, ni d’où elle vient. Il y a quelque chose
comme ça dans Grotte, je crois. Après
avoir lu ces derniers titres, une amie m’a dit que je n’aurais pas pu être
éditée ailleurs ; cela m’a plu, même si j’ignore ce qu’elle entendait
précisément par-là.
Et puis, Christophe et moi avons le même âge, la
maison est jeune, Grotte est mon premier roman : j’aime bien commencer
ainsi.
Que répondez-vous
quand on vous demande de quoi parle votre roman ?
Je dis : « C’est le récit d’un gardien
de grotte, isolé sur une colline … » ; je parle de
« fantastique » sans être convaincue par le terme. Il est difficile
de répondre à cette question sans résumer le livre ou le réduire à un sujet.
Or J’ai justement voulu épuiser le sujet, lui
ouvrir toutes les portes : Grotte
mêle des registres si différents, et il advient tant de choses sur la
colline ; le sujet explose, j’espère.
Aviez-vous
un modèle, des références littéraires présentes à l’esprit pendant l’écriture
de Grotte ?
Mes lectures très variées ont forcement
compté mais je n’avais pas de modèle précis en tête. Par contre, aujourd’hui,
je pense à Moravagine de Blaise Cendrars, roman d’aventure, déréglé et
invraisemblable qui m’avait beaucoup impressionnée. Bien que mon gardien vive
reclus sur sa colline, le monde vient à lui avec le même déchaînement
frénétique que celui avec lequel Moravagine le traverse.
Pendant l’écriture, des œuvres et des artistes
m’accompagnaient, car non seulement le volume d’une grotte évoque des questions
plastiques, sculpturales mais j’ai aussi voulu que l’attitude du gardien
s’apparente à un geste artistique.
Entre le début de l'écriture et la publication, le texte a-t-il
beaucoup changé, et si oui, en quoi ? `
La construction en chapitres, très marquée, qui
donne au livre l’allure d’un recueil de nouvelles, est apparue dés le départ.
Je me figurais un réseau de galeries souterraines, complexe et déroutant, qui rappellerait le
mouvement paradoxal de l’écriture : creuser et remplir. A
partir de là, j’ai écrit Grotte vite,
dans l’excitation et je suis encore surprise en le lisant : j’ai
l’impression qu’une grande partie du texte vient d’ailleurs.
Comment
se sent-on juste avant la parution d’un premier roman ?
Le texte vient de partir à l’imprimerie ; c’est étrange, mais je
me sens maintenant tout à fait libre pour en écrire un autre.
http://www.christophelucquinediteur.fr/grotte/
http://www.christophelucquinediteur.fr/grotte/
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